Le gracieux chant des oiseaux.

1er AOÛT 2022
Par Stéphane Roy, Aumônier à la Prison de Bordeaux

Cher toi, chère toi, mon ami(e),

Depuis bien des années déjà j’ai le loisir de me retirer chaque été pendant une semaine ou deux pour un temps de solitude, de repos, de prière et de réflexion. Bien qu’autrefois j’aimais beaucoup aller chez les moines ou chez les moniales, je préfère maintenant me retirer en forêt, ayant le privilège de pouvoir utiliser un petit chalet situé près d’un lac.

Ainsi, tous les mois d’août, en cet endroit béni, je vis passablement au rythme d’un même horaire : après m’être levé sans réveil, je passe tout l’avant-midi sur le patio en sirotant un bon café, en lisant, en priant, en écrivant et en méditant. Mais avant de faire quoi que ce soit, parce qu’une sorte de grâce m’a été accordée il y a trois ans, j’écoute les oiseaux. 

Je me souviens très bien de ce matin-là où, me semblait-il, les oiseaux chantaient plus qu’à l’habitude. Je me suis dit : te rends-tu compte que tous les matins tu as la chance d’entendre un concert unique ? Au même moment, une sorte de commandement me vint de l’intérieur : écoute ce qu’ils ont à te dire aujourd’hui. 

Attentif à leur chant, me laissant imprégner par la musique qui m’était si gracieusement offerte, un mot se faufila dans mon esprit. J’avais perçu mon message ! Ainsi en fut-il pour le lendemain et les autres jours de mes retraites : prédications insolites et messages personnalisés.

Mais si tu me le permets, j’aimerais partager avec toi une autre grâce que j’ai reçue, cette fois, l’année dernière.

Cette retraite avait comme thème non avoué : la quête de Dieu. Car, oui, j’en avais besoin, et, me semblait-il, il me fallait aller à sa recherche.

Une fois encore, au cours de l’une de ces matinées en mon oratoire du moment (le patio), où depuis bien des heures ma prière ne consistant qu’en un : Où es-tu ? Voici ce que j’ai reçu :  

« Cette Présence je la recherche.
Je la recherche dans les Cieux.

Je la recherche dans les églises et leurs tabernacles.

Je la recherche dans la nature.

Je la recherche en tous lieux où
je sais, où je crois qu’elle se trouve et où il m’était depuis longtemps si facile de la trouver.

Et chaque fois, depuis un certain temps, une voix me dit : cherche-moi en ton cœur ; cherche-moi à l’intérieur. »

Et, excuse-moi cette impudeur… ce fut la rencontre. IL ÉTAIT LÀ. IL EST LÀ. Et j’en suis certain, IL SERA TOUJOURS LÀ. 

Ce moment marque un tournant dans ma vie spirituelle. Il m’a été tellement plus facile de croire que Dieu était présent dans l’hostie plus qu’en moi, en oubliant que comme le sabbat, l’hostie était faite pour l’homme et non l’homme pour l’hostie. Mystère insondable.

Cher (chère) ami(e), je veux partager avec toi ces moments personnels parce qu’ils nous disent combien il est bon non seulement de s’accorder ces moments de retraite pour se reposer, prendre le recul nécessaire, refaire le plein d’énergie, laisser tomber les tensions accumulées, faire le calme à l’intérieur de soi, mais combien il faut aussi être ouvert(e) aux multiples façons dont Dieu se révèle à chacun et chacune d’entre nous. 

Cette année, ne l’oublions pas, nombreuses sont les tensions que nous avons accumulées après deux années de pandémie, le début d’une guerre nous rappelant d’anciennes rivalités pas encore réglées et la menace imminente d’une récession. Ces tensions que nous ressentons tous et toutes à des niveaux différents donnent lieu à de la nervosité, du stress, de l’anxiété, de l’irritabilité, de la colère, de la tristesse, des troubles compulsifs et à bien d’autres sentiments encore que nous pouvons observer chez les autres… sans oublier qu’elles sont aussi en nous. 

Et si malgré tout nous nous offrions des moments de détente essentiels pour vivre au fur et à mesure tout ce qu’il plaira à Dieu que nous vivions ? Et si dans tout cela toi et moi nous donnions la chance d’écouter Dieu, QUI EST LÀ, nous parler ? Sachant que ses paroles ne peuvent être que des paroles « de paix et non de malheur, afin de vous assurer un avenir plein d’espérance. » (Jérémie 29, 11)  

En te souhaitant un magnifique mois d’août, je t’assure de ma prière, parce que tu t’en doutes sûrement, je pense à toi et je prie aussi pour toi sur le patio. 

Bénédictions sur toi et tous les tiens. 

Amitié, 

Stéphane Roy
Aumônier à la Prison de Bordeaux

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