Bonjour à vous tous et à vous toutes, chers amis, chères amies ! 

La semaine dernière, alors que je discutais au téléphone avec mon ami, celui-ci m’a raconté sa dernière visite à l’hôpital. Sa conjointe, enceinte, s’est mise à ressentir de fortes douleurs s’apparentant grandement à des contractions. Mon ami et sa conjointe se sont donc empressés de sauter dans leur véhicule pour se rendre à l’hôpital. Ils croyaient que le grand jour était venu ! Quelques heures plus tard, les douleurs se sont finalement avérées une fausse alerte et mes deux amis sont retournés à la maison. 

Alors que mon ami poursuivait son récit et que j’étais assis confortablement dans mon salon, une publicité montrant une femme enceinte est apparue à la télévision. Puis, en détournant le regard de la télévision, car je voulais être attentif aux propos de mon ami, je vois passer par la fenêtre une jeune maman portant son bébé naissant blotti tout contre elle. Je trouvais la séquence assez cocasse, en matière de synchronisme. Enfin, et c’est là le sommet d’une série de coïncidences, en mettant fin à l’appel, mon téléphone m’a remémoré un très beau souvenir (des photos prises il y a des années s’affichent souvent sur mon appareil), soit celui de ma première rencontre avec les deux enfants de ma conjointe. L’aînée était âgée de trois ans, et la plus jeune âgée de quelques mois seulement. C’est ce qu’on appelle une « simultanéité » d’événements sur les thèmes de la grossesse, de la naissance, de la maternité et de l’enfance !

Quelques minutes plus tard, alors que j’étais toujours bien assis, en train de méditer comme je le fais souvent, des pensées se succédaient dans ma tête et le jeu consistait à les laisser aller et venir. Il s’agit d’un jeu dont les règles ne sont pas si compliquées, mais ô combien difficiles à respecter ! Bref, je méditais et tout d’un coup, une pensée s’est imposée à mon esprit. 

Une voix m’a soufflé ceci : Et si La Vie de Jésus Christ était une histoire de grossesse, la croix son accouchement, et la résurrection un doux bercement dans les bras chaleureux de Dieu ? Soudainement, mon esprit s’est emballé. Il n’en fallait pas plus pour que je sorte de ce temps de méditation. 

Mon premier réflexe : écrire cette douce révélation sur le premier morceau de papier trouvé. Jamais une facture d’épicerie n’a autant brillé de sagesse !

Que j’aime cette idée ; elle me rappelle les mots de Sainte-Thérèse de Lisieux quand elle écrivait qu’il est bon de s’abandonner, tel un petit enfant, dans les bras aimants du Bon Dieu. Quand on y pense, le bébé dans le ventre de sa mère n’a pas conscience de ce qui l’attend : il est bien, au chaud, logé, nourri ! Quelle belle expérience de vie ! Cela dit, un jour, après une de ses nombreuses siestes, il réalise que sa demeure est de plus en plus petite, il prend conscience qu’il est de plus en plus à l’étroit dans son espace vital. Et, sans préavis du propriétaire, il se sent poussé vers la sortie. 

Une puissance, insoupçonnée, et venant d’on ne sait où, le force à aller vers la lumière. Le bébé n’a d’autre choix que de s’abandonner au processus de vie déjà enclenché. Certains bébés résistent un peu, mais ultimement la Vie fait en sorte que les bébés sortent de leur monde, pour aller en expérimenter un autre. Comme c’est intéressant !

Ce matin je m’amusais à relire la vie de Jésus, et quelque chose m’a sauté aux yeux. Sa vie est ponctuée de « contractions », telles les contractions qui poussent un bébé vers son destin, vers sa pleine réalisation. Chaque fois que Jésus a laissé La Vie faire son œuvre, chaque fois qu’il a proclamé, à voix haute, ou dans son for intérieur, « Que ta volonté soit faite ! », il s’est abandonné à son propre processus d’accouchement. Jésus était conscient qu’il était à « venir au monde », il expérimentait cette force de Vie qui dicte le chemin, sans que nous ayons à le lui demander, et sans que nous ayons à faire quoi que ce soit. Nous pouvons dire que Jésus s’est fait pauvre en esprit, et qu’il s’est donc abandonné à la volonté de son Père, soit celle de le « mettre au monde ». En d’autres mots, Dieu, selon sa volonté, a mené Jésus « à terme ». Tout ce que Jésus a fait, c’est de faire confiance à la Vie, celle qui connaît le chemin à parcourir. C’est en laissant aller son dernier souffle sur la croix qu’il a pu pousser son premier cri de joie dans l’autre monde ! 

Alors chers amis, chères amies, nous pouvons, pour nous amuser un peu, considérer notre vie comme une sorte de « gestation », un temps de formation, de développement, dans lequel tout ce que nous avons à faire est de nous abandonner à l’élan créateur, celui qui sait comment donner la vie. Puis, constater avec grande joie notre finalité, celle d’être blotti(e)‌s dans les bras amoureux de notre Dieu.

Je vous laisse sur ces paroles de Christiane Singer : « Demain, comme tous les jours d’ici ou d’ailleurs, sur ce versant ou sur l’autre, est désormais mon jour de naissance. »

William Beaudoin
Travailleur social en soins palliatifs