Le mois de novembre, pour tout vous dire, n'est pas mon préféré. Et je suis certain qu'il en est ainsi pour plusieurs d'entre vous, et pour cause. Les jours sont de plus en plus courts, la lumière se retire tranquillement, la nature se dépouille, la température chute, nous forçant à nous vêtir de plus en plus lorsque nous décidons de mettre le nez dehors. Et il y a ces jours de pluie, si tristes, sombres et frais. Tous ces facteurs liés à la nature et au cycle des saisons font que nous nous sentons alors moins en forme, dans notre corps et parfois dans notre âme, comme si nos forces vitales déclinaient. On n'y peut rien, cette privation de lumière et de chaleur nous affecte tous.
Comme la liturgie de l'Église catholique suit le cycle des saisons, ce n'est pas un hasard qu'elle ait placé au calendrier deux fêtes importantes liées à la mort dans les deux premiers jours de novembre. Le premier, l'Église célèbre la fête de la Toussaint, de tous les saints connus et inconnus (ils sont légion!) qui nous ont précédés au ciel, auprès de Dieu. Ce jour est vraiment celui de la joie, celle de savoir que ceux et celles parmi nos proches décédés qui ont su aimer Dieu et leurs prochains avec fidélité et générosité ont déjà touché le rivage du Paradis promis par le Père à ses enfants. Quels joie et bonheur doivent-ils connaître ! Par cette fête, l'Église rappelle que notre vie sur terre, même si nous sommes portés à l'oublier, dans une culture pour qui la mort est devenue le nouveau tabou, que cette vie terrestre n'est pas une fin en soi. Non, la fin pour les chrétiens, c'est l'atteinte du Paradis, l'objectif ultime. « J'aime la mort, car c'est plein de vie dedans, » comme le disait si bien Félix Leclerc. Voilà l'espérance chrétienne.
Cette première fête de la Toussaint est suivie dès le lendemain, le 2 novembre, de la commémoration de tous les fidèles défunts. Cette fête, surtout dans le contexte actuel, est bien mal comprise. Qu'est-ce qui la distingue de la Toussaint ? C'est tout simple : alors que cette dernière célèbre les personnes décédées DÉJÀ au ciel, lors de la seconde, l'Église universelle nous invite à prier pour tous les défunts – qu'il s'agisse de nos proches ou de frères et sœurs inconnus – qui ne sont PAS ENCORE au Paradis (qui sont donc au purgatoire), leur purification du cœur n'étant pas encore achevée.
Par cette fête, fondée sur le dogme de la communion des saints, l'Église nous rappelle que nous sommes tous frères et sœurs, solidaires les uns des autres, tant dans cette vie que dans celle qui suivra. Ce jour-là (ou à d'autres occasions dans l'année), par nos prières et offrandes spirituelles, nous accélérons la purification des âmes qui en ont besoin, et leur ouvrons peut-être, sans le savoir, les portes du ciel.
Plutôt que de nous effrayer, cette fête devrait remplir nos cœurs d'espérance, car elle nous rappelle que même si notre vie n'a pas été parfaitement achevée sur le plan de l'amour de Dieu et du prochain au moment de notre mort, nous pourrons compter sur le soutien de nos frères et sœurs de la terre lors de cette purification finale, qui demeure bien mystérieuse à regard humain, bien qu'elle puisse se comprendre – même si nous ne pouvons juger du for interne de quiconque, il est évident que certaines personnes, au moment de leur mort, ont plus aimé que d'autres au cours de leur vie. Le purgatoire sert précisément à cela : rendre nos cœurs dignes du Paradis de Dieu.
Faut-il craindre la mort ? Non, car elle fait partie du plan de Dieu pour chacun(e) de nous. Les maîtres spirituels chrétiens nous invitent même à la considérer comme une grâce. Si de nos jours les Québécois sont de plus en plus nombreux à avoir peur de la mort, c'est qu'ils ont cessé de croire au Dieu de l'Évangile, Celui-là même qui promet à chacun et chacune de ses enfants que la mort n'est que la porte d'entrée de la Vie éternelle;un passage, rien de plus.
Au cours du mois de novembre, nous sommes donc invités comme chrétiens à méditer sur la beauté de la mort, sur la grâce qu'elle cache, puisqu'elle est le passage obligé vers Dieu, notre Bonheur éternel. Or, qui ne veut pas être heureux et comblés éternellement ? Sans chercher à donner des leçons à quiconque, notre attitude de profonde sérénité devant la mort devrait nous distinguer des incroyants, qui la craignent parce qu'ils en méconnaissent le sens profond, qui a pour nom : la Vie éternelle. Prions aussi pour eux, afin que leurs cœurs s'apaisent et soient touchés par la force tranquille que transmet l'espérance chrétienne face à la mort.
Oui, la vie surgit TOUJOURS de la mort, la lumière des ténèbres ! L'espérance doit toujours l'emporter sur la désespérance et le découragement. Car Jésus est ressuscité,Il a vaincu la mort, une fois pour toutes !
Ne laissons pas la grisaille de novembre éteindre la lumière de l'espérance et de la charité en nos cœurs !
Soyons vivants et joyeux, comme Jésus !
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