Bonjour,
Le premier mois de l’année vient de se terminer et tu réalises peut-être déjà qu’après ces premières semaines, il va être difficile de tenir les résolutions que tu avais décidées de prendre pour cette nouvelle année.
En effet, nous avons formulé auprès de ceux que nous avons rencontrés, toutes sortes de vœux, de souhaits, de désirs, de « bonnes résolutions ».
Mais que signifient ces vœux, ces « bonnes résolutions » ?
On ne cesse d’entendre aujourd’hui qu’il est primordial pour être heureux, de devenir la meilleure version de nous-mêmes. Nouvelle année = nouveau moi, voilà le genre de slogan que nous pouvons lire ou entendre.
La nouvelle année est alors perçue comme une année supplémentaire accordée en vue de notre optimisation pour la réalisation de ce que nous désirons. Il est donc important de prendre de bonnes résolutions et de souhaiter le meilleur à tous ceux que nous croiserons, d’adopter une stratégie efficace dans tous les différents domaines de notre vie, que ce soit sur le plan professionnel, personnel, relationnel, spirituel afin de pouvoir changer rapidement et ainsi devenir la personne que nous souhaitons être, celle que nous idéalisons…
Maigrir, faire plus de sport, avoir un nouveau travail, gagner plus d’argent, passer plus de temps avec nos proches, prier plus, être plus serviable, mieux écouter…
L’accomplissement de ces résolutions serait, pour certains, comme la condition sine qua none d’une nouvelle vie, d’une meilleure vie.
Et cela est légitime, car après avoir fait le point sur l’année qui s’est écoulée, ayant reconnu nos triomphes, nos victoires, mais aussi nos faux pas, nos défaites, il est louable de vouloir faire mieux que l’an passé, de faire plus, de donner plus. C’est un peu comme un nouveau départ, une seconde chance.
Mais, alors, puis-je être en paix avec moi-même, bien que je n’aie pas atteint l’objectif que je me suis fixé, que je désirais ? Dois-je avoir validé toute la liste de mes bonnes résolutions pour être heureux ?
Comment faire, si rendu au mois de février, je réalise que j’ai pris un mauvais départ ? Être mal parti, peut-il m’empêcher de franchir la ligne d’arrivée ?
Au-delà des bonnes résolutions extérieures qui, encore une fois, sont louables, car en tant que personne en devenir, en mouvement, nous sommes sujets au changement et appelés à croître, à évoluer, mais je crois qu’il est primordial, avant tout, de vivre une conversion intérieure. Conversion qui est plus qu’une bonne résolution, est une grâce à demander à notre Père du Ciel. La grâce de pouvoir expérimenter à quel point nous sommes aimés de Lui tel que nous sommes.
Tu es son enfant bien aimé, tu es son unique et il t’a voulu tel que tu es malgré ta petitesse.
C’est seulement après avoir expérimenté cela que nous pourrons avancer sereinement, malgré nos limites, nos pauvretés, nos faiblesses, les blessures que la vie nous a infligées; loin d’être des freins, des inconvénients, des impossibilités dans la réalisation de celui ou celle que nous sommes appelés à être, elles peuvent être avec la grâce de Dieu et non seulement par nos propres forces, ni nos bonnes résolutions, devenir un véritable trésor, une perle rare.
Sais-tu comment se forme une perle nacrée ?
Il faut pour cela qu’un grain de sable pénètre dans une huitre, ce qui provoque une agression. Comme un grain de poussière qui peut entrer dans l’œil humain irritant et le faisant pleurer. Ainsi, l’huitre, pour se défendre, sécrète de la nacre. Cette réaction de défense, va faire du grain de sable, de cette « imperfection » qui s’est introduite en elle et qui l’affecte, un véritable bijou dur, brillant et précieux : une perle. Au lieu de le rejeter, l’huitre l’accueille et va apprendre à vivre avec…
La perle nait donc d’une blessure au creux d’un coquillage. Sans cette blessure, pas de perle.
Nous prenons alors conscience que ce grain qui vient de perturber notre vie, nous entrainant parfois à renoncer à tel plan ou à tel projet, nous conduisant ensuite bien souvent à regretter : en ne cessant de répéter « Si j’avais su » ou bien « Si j’avais réalisé ceci ou accompli cela », nous faisant même parfois aller jusqu’à croire que notre vie est ratée parce que nous n’avons pas atteint l’objectif que nous nous étions fixé, peut, en fait, être une source de bénédiction si nous l’accueillons. C’est en acceptant nos faiblesses, nos blessures, en laissant la grâce agir, en laissant Dieu déposer couche après couche « les couches de nacre » sur chacune de nos incapacités, que nos vies vont pouvoir être transformées. Seul Jésus sait par où nous devons passer pour devenir celui que nous sommes appelés à être.
La formation de la perle ne consiste donc pas « à faire » en prenant de bonnes résolutions pour devenir meilleur, mais plutôt « à se laisser faire ».
Laissons donc à Jésus l’initiative et le soin de prendre pour nous les résolutions dont nous avons besoin. Il nous connait mieux que nous-mêmes, donc, pas d’inquiétude pour les jours qui viennent. Ayons confiance pour le restant de cette année qui débute, certain que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ».
Emmanuel Roy
Étudiant à la prêtrise