Les traversées de la Vie.

1er AVRIL 2023
Par Stéphane Roy, Aumônier à la Prison de Bordeaux

Cher (chère) toi,

Quoique le printemps ait débuté le 20 mars dernier, avril résonne toujours comme le mois printanier: le mois de la fonte des neiges et des lentes renaissances. 

Cette année, avril est aussi le mois de la Semaine sainte, le mois de Pâques. 

Savais-tu que le mot «Pâques», associé à la fête chrétienne, s’écrit au pluriel et vient du mot «Pâque», associé à la grande fête juive, qui se dit en hébreu Pessa’h et qui évoque le «passage», comme le passage de la mer Rouge d’une rive à l’autre, le passage d’un état à un autre, de l’esclavage à la liberté et de la mort à la vie. 

La fête de Pâques chrétienne s’écrit au pluriel parce qu’elle intègre la Pâque juive et aussi, oserais-je dire, ô combien d’autres passages qui tissent la trame de nos vies! 

Ainsi, je pense à ces Pâques, aux tiennes et aux miennes, à ces lieux de passages qui marquent chaque avant et chaque après de notre existence, les évènements heureux ou tragiques — mariage ou naissance, séparation ou décès. 

Jusqu’à présent, le passage le plus marquant dans ma vie — Pâques de toutes mes Pâques — «d’un avant à un après» a sans contredit été le décès de mon frère, un véritable tsunami! 

Je suis demeuré le même Stéphane, mais ô combien renouvelé non seulement par les éléments perdus ou brisés de ma vie, mais par le travail de reconstruction obligé après l’évidente dépression: un travail inachevé, toujours en cours…

Cela me fait penser au très beau livre de Maurice Bellet, intitulé La traversée de l’en-bas. Avec son style d’écriture qui s’entend beaucoup plus facilement qu’il ne se lit, Maurice Bellet nous y parle de Pâques, non comme un théologien expliquant un mystère, mais comme un témoin de cette Traversée, où l’homme devient humain, une nouvelle création. Cette traversée où la vérité se révèle inséparable de la tendresse, de la miséricorde, de la connaissance compréhensive, de la grande espérance pour tous et toutes, mais ayant descendu dans ces en-bas, trop souvent poussés ou tirés malgré nous.

Je te parle de cet auteur parce qu’il a pu mettre des mots sur ma propre traversée et de ce que j’ai pu apprendre de ce livre qui constitue le canevas de mes chroniques ou de mes commentaires sur les évangiles. 

Par exemple:

«Peux-tu tenir en ces trois choses: ne pas désespérer de toi-même, ne pas juger ni condamner personne, faire au jour le jour (ou même heure par heure) ce qui t’est possible selon le meilleur désir de ton cœur? Le reste, la misère (le retour du vice, du dégoût de vivre, des envies meurtrières, de la bassesse), mieux vaudrait n’y même plus songer. Ce n’est pas toi. C’est le nuage toxique qui empoisonne l’air que nous respirons. C’est le virus qui t’a contaminé alors que le fond de toi ne cherchait que la vie, la gaieté, la paix, l’œuvre heureuse».

Ou encore:

«Tout peut-il être sauvé? Voici que se lève cette volonté formidable : nous sauverons tout! Tout ce qui fait l’homme! Tout ce qui est en l’homme! Même le pire, l’invivable, l’inhumain! Et en tous les hommes! Tout et tous! Ne périra que le périr lui-même, ne sombrera dans le vide infini que la destruction elle-même. Ceux qui voient là rêverie, idéalisme, utopie, n’ont jamais goûté l’en-bas. Ils ne savent pas quelle nécessité peut sortir de là, quel appétit de vivre à transporter les montagnes, quelle énergie aussi improbable et prodigieuse que la Vie éclatant dans l’inertie de l’univers. Si quelque humain est descendu dans l’en-bas, jusqu’à goûter la grande mort, sans que pourtant soit détruite en lui la semence de vie, alors nous pouvons tout croire et tout espérer».

Si l’aboutissement de toute traversée n’a pas nécessairement la splendeur de la Résurrection, je m’efforce personnellement d’y trouver un tant soit peu quelque chose qui fait de moi un meilleur humain. Alors j’ose croire que la Vie avec un grand V n’y est pas absente et que ses Pâques, malgré tout, sont chrétiennes.

Je termine en te souhaitant de Joyeuses Pâques, la chaleur de la Présence, la certitude d’être aimé(e) tel(le) que tu es et la confiance de vivre tes choix.

Je te souhaite également un bon mois d’avril. 

Que le Seigneur te bénisse.

Stéphane Roy 
Aumônier à la Prison de Bordeaux

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