C’est moi, Père, me revoici
Je sais : j’ai vieilli très vite récemment.
C’est moi.  Me revoici.
C’est vrai que j’ai pas toujours été un cadeau
avec mes sautes d’humeur, mon ingratitude,
ma difficulté à faire confiance.
J’ai mille excuses à mes erreurs.
Mille prétextes à ma drogue, ma fuite dans l’alcool.
Mille raisons à mes oublis.
Mais au fond je sais bien que c’est ma faute.
J’ai couru après.
J’ai voulu toucher le feu.  Et ça brûle.
La bouette.  Les bas-fonds.  Et ça salit.
J’ai frôlé le suicide lent de la débauche,
le trip de la violence, la malnutrition.
J’ai vu ma mort, tu sais!…

Mais le plus beau, le plus incompréhensible,
c’est que tu m’attendais, depuis tout ce temps
en haut de la colline
et que tu as couru follement vers moi,
comme si de rien n’était.
Et tes rides se perdent maintenant
dans ce grand rire d’amour,
plus fort que toutes les misères de la terre
où je veux me bercer jusqu’à la fin du monde.