Le CARÊME, un temps de privation, mais aussi de réflexion !

1er MARS 2015
Par Stéphane Roy, Aumônier à la Prison de Bordeaux

Cher(e) toi qui me lis, bonjour!

J'étais en stage en vue de me préparer à l'ordination sacerdotale. Priant tous les jours l'office des heures, le bréviaire, j'entrai en Carême comme on y entre année après année. Mais, cette fois, je compris quelque chose qui allait éclairer le reste de ma vie... et de ma vie de prêtre et auquel je ne cesse de revenir.

Le Carême, comme nous le savons, se veut un temps de préparation aux grandes fêtes de Pâques qui célèbrent la Mort et la Résurrection de Jésus: LA PASSION DE DIEU POUR NOUS!

Oui, avant d'être un pâtir dans son Corps, avant d'être des clous dans ses mains et ses pieds, avant d'être des coups de fouet dans sa chair livrée à toutes les souffrances, la Passion de Jésus est brûlure, passion, au Cœur de notre Dieu comme l'on aime l'être aimé. Et quel feu!

Mais Pâques veut aussi dire passage, passer devant.

Méditant alors chaque jour les textes de la Bible que nous offre la liturgie des heures et particulièrement ceux de l'Exode où l'on raconte la libération des enfants d'Israël, esclaves en Égypte, invités par Moïse à suivre Dieu vers une Terre promise, je compris que la grande aventure chrétienne était de suivre le Christ, de ce pays, cet empire, où l'on est souvent esclave, le «Je-Me-Moi» dans lequel nos blessures nous enferment si facilement vers cette Terre promise faite de foi, d'espérance et surtout d'amour et qui nous conduit à la liberté et au bonheur d'être aimer et d'aimer: le Royaume de Dieu.

Oui, l'amour donne des ailes et ma petite expérience de l'être humain me dit comment l'être libre est celui qui a été et qui est aimé.

Certes, la marche de l'Exode fut difficile et pavée d'épreuves... et d'infidélités tout comme notre vie chrétienne. Mais nous savons qu'elle débouche sur une promesse qui a comme garantie la Terre promise et la Résurrection du Christ.

Cela me fait penser à l'une des plus belles pages de la lettre encyclique de Benoit XVI sur l'espérance, «Spe Salvi». Là, il nous livre un exemple extraordinaire d'une libération chrétienne digne de l'Histoire Sainte du Peuple de Dieu. À notre mesure, nous pouvons nous y voir, en tirer des leçons et prendre courage dans notre marche à la suite du Seigneur, dans notre cheminement:

Je pense à l'Africaine Joséphine Bakhita, canonisée par le pape Jean-Paul II. Elle était née vers 1869 elle ne savait pas elle-même la date exacte dans le Darfour, au Soudan. À l'âge de neuf ans, elle fut enlevée par des trafiquants d'esclaves, battue jusqu'au sang et vendue cinq fois sur des marchés soudanais. En dernier lieu, comme esclave, elle se retrouva au service de la mère et de la femme d'un général, et elle fut chaque jour battue jusqu'au sang; il en résulta qu'elle en garda pour toute sa vie 144 cicatrices. Enfin, en 1882, elle fut vendue à un marchand italien pour le consul italien Callisto Legnani qui, face à l'avancée des mahdistes, revint en Italie.

Là, après avoir été jusqu'à ce moment la propriété de « maîtres » aussi terribles, Bakhita connut un « Maître » totalement différent dans le dialecte vénitien, qu'elle avait alors appris, elle appelait « Paron » le Dieu vivant, le Dieu de Jésus Christ. Jusqu'alors, elle n'avait connu que des maîtres qui la méprisaient et qui la maltraitaient, ou qui, dans le meilleur des cas, la considéraient comme une esclave utile. Cependant, à présent, elle entendait dire qu'il existait un « Paron » au-dessus de tous les maîtres, le Seigneur des seigneurs, et que ce Seigneur était bon, la bonté en personne. Elle apprit que ce Seigneur la connaissait, elle aussi, qu'il l'avait créée, elle aussi plus encore qu'il l'aimait. Elle aussi était aimée, et précisément par le « Paron » suprême, face auquel tous les autres maîtres ne sont, eux-mêmes, que de misérables serviteurs.

Elle était connue et aimée, et elle était attendue. Plus encore, ce Maître avait lui-même personnellement dû affronter le destin d'être battu et maintenant il l'attendait « à la droite de Dieu le Père ». Désormais, elle avait une « espérance » non seulement la petite espérance de trouver des maîtres moins cruels, mais la grande espérance: je suis définitivement aimée et quel que soit ce qui m'arrive, je suis attendue par cet Amour. Et ainsi ma vie est bonne. Par la connaissance de cette espérance, elle était « rachetée », elle ne se sentait plus une esclave, mais une fille de Dieu libre. Elle comprenait ce que Paul entendait lorsqu'il rappelait aux Éphésiens qu'avant ils étaient sans espérance et sans Dieu dans le monde sans espérance parce que sans Dieu. Aussi, lorsqu'on voulut la renvoyer au Soudan, Bakhita refusa-t-elle; elle n'était pas disposée à être de nouveau séparée de son « Paron ».

Le 9 janvier 1890, elle fut baptisée et confirmée, et elle fit sa première communion des mains du Patriarche de Venise. Le 8 décembre 1896, à Vérone, elle prononça ses v œux dans la Congr égation des S œurs canossiennes et, d ès lors en plus de ses travaux à la sacristie et à la porterie du couvent , elle chercha surtout dans ses différents voyages en Italie à appeler à la mission: la libération qu'elle avait obtenue à travers la rencontre avec le Dieu de Jésus Christ, elle se sentait le devoir de l'étendre, elle devait la donner aussi aux autres, au plus grand nombre de personnes possible.

L'espérance qui était née pour elle et qui l'avait « rachetée », elle ne pouvait pas la garder pour elle; cette espérance devait rejoindre beaucoup de personnes, elle devait rejoindre tout le monde. (Spe salvi, 3)

Cher(e) ami(e), comme cela est beau: « je suis définitivement aimée et quel que soit ce qui m'arrive, je suis attendue par cet Amour. Et ainsi ma vie est bonne».

Avec ces mots de sainte Joséphine Bakhita je te souhaite un Carême plein de cette saisie de Dieu et de son Amour... un Amour qui fait espérer, qui libère et nous fait marcher, avancer et se donner. Je te souhaite un Carême de liberté où l'amour te fait sortir de toi; au delà même de ces blessures qui s'érigent au dedans de toi comme autant de barreaux de ton cachot intérieur. Oui, c'est aussi cela Pâques, la résurrection: sortir de nos tombeaux, de nos cachots et rayonner de la joie d'être aimer, d'être libre.

Je prie pour toi et tes intentions et demande au Seigneur de te bénir +

Je te demande, s'il te plaît, de prier aussi pour moi. 

Stéphane Roy , prêtre
Aumônier à la Prison de Bordeaux

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