Faire le deuil...

1er AVRIL 2011
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Bonjour,

Il y a quelques semaines, les circonstances de la vie m'ont plongé dans le deuil de façon inattendue. Mon père, qui savait déjà depuis quelques mois qu'un 2e cancer  le rongeait, luttait tant bien que mal avec cette terrible maladie et les traitements de chimiothérapie qui n'ont fait que détruire sa qualité de vie, l'ont brusquement emporté dans les derniers instants de sa vie sans crier gare…

Personne ne peut vraiment prévoir ce moment de la séparation finale et pourtant, elle arrive un jour, ou souvent une nuit, sans bruit et le geste est irrévocable et sans appel. Personne ne réagit de la même manière à ce terrible mystère de la vie et de la mort. Selon notre éducation, nos peurs, nos tabous, la mort revêt des couleurs insoupçonnées pour chacun de nous.

La nuit où mon père est décédé, nous étions tous au repos après plus de 36 heures de veille sans répit. Un de nos bons amis, le veillait à notre place pour nous permettre de reprendre des forces pour le reste de la nuit. Je devais le remplacer à 02h00 du matin. A peine réveillé, vers 01h10, le téléphone nous annonce que tout est accompli, que mon père est parti pour le ciel.

Sans trop de bruit ni de bousculade, nous nous sommes dirigés vers l'hôpital pour aller à sa chambre lui dire notre dernier adieu si près de son départ.  Moment calme et discret où chacun vit intensément ce moment qui se grave dans nos mémoires si distinctement. Les mots ne servent à rien, les regards suffisent pour se comprendre. Et chacun va retourner au lit quelques heures avant de reprendre la journée implacable des formalités incontournables.

Dans les moments d'accueil, des personnes défilent au salon et nous redisent tour à tour les mêmes paroles et entendent les même répliques. S'en suivent la célébration funéraire à l'église et après, les retrouvailles avec la famille et les amis… Tout est dans un calme et une sérénité émouvante.

Mon père priait toujours à l'eucharistie pour la paix du cœur, et je crois que de là-haut, il nous a conduits tout droit à cette paix incroyable qu'il a tant demandée. Il était présent à tous ces moments de retrouvailles et de réconfort que nous avons vécus. Et il est sûrement toujours à nos côtés pour nous conduire encore dans cette paix.

Dans la discrétion, mais de façon assurée, il a rassemblé la famille en se souciant les uns des autres comme il le faisait ici de son vivant, invitant l'un et le rapprochant de l'autre, dans sa tendresse habituelle. Et il continuera de le faire à chaque moment que nous aurons besoin de lui autant pour ma mère, ma sœur et mon frère, que le reste de la famille, sans oublier les cousins et cousines qui l'affectionnaient particulièrement. Oui, il est toujours là, prêt à vous écouter et à rire avec vous tout en s'associant à tous vos plans pour rire encore plus avec lui… trop près de l'eau… oups…! Ou dans l'eau !

Faire le deuil, ce n'est pas oublier ou mettre de coté, mais c'est vivre différemment la relation avec les personnes que nous aimons. C'est accepter qu'une distance soit arrivée, mais sans pour autant créer une rupture et l'indifférence parce que je ne vois plus avec mes yeux de chair, mais cela m'invite à voir avec ceux du cœur et de l'âme qui sont tellement plus vrais et limpides.

Faire le deuil, c'est aussi accepter que l'autre fasse un bout de chemin ailleurs et de façon différente de moi.  Qu'il est désormais dans une autre dimension et qu'il est dans la paix, mais toujours vivant, plus vivant que jamais mais dans le cœur de Dieu et dans le mien.

Faire le deuil, c'est accepter de le laisser partir au soir de sa vie pour lui permettre d'entrer enfin au matin de lumière, dans cette terre promise qu'il a tant cherchée à sa façon et qui lui est offerte au bout de sa course.

Chacun de nous avons une quête du bonheur, et toute notre vie nous poursuivons, selon nos moyens et nos ambitions, à en découvrir des parcelles de vérité à chaque expérience de notre vie. Selon les époques et notre âge, cela revêt des couleurs vives et éclatantes mais parfois des teintes sombres et profondes; mais chacune d'elles, en les juxtaposant les unes aux autres, en font ressortir toute la richesse et la vivacité et nous donnent un vrai visage de notre vie.  Loin de se terminer à la mort, ce visage devient réel enfin et nous révèle toutes les dimensions de notre vraie vie et de tout ce que nous avons cru pendant notre passage sur la terre, lieu d'apprentissage et de découverte.

L'espérance de notre vie ne peut pas se limiter à ce que nous voyons ici ou ressentons en respirant… Un monde insoupçonné est là qui nous ouvre les bras et quand nous passons ce voile qui nous empêche de voir au-delà, c'est là que l'espérance commence!

Un fils qui espère encore…


Père Yvon Samson, o.ss.t.



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